Prix du lait L'accord du 24 juillet, objet de discorde entre producteurs et coopératives
L’accord sur la revalorisation du prix du lait conclu entre tous les acteurs de la filière laitière au ministère de l’Agriculture se révèle être un amplificateur de la discorde croissante entre la Fnpl et la Fncl.
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[Vidéo] André Bonnard (Fnpl) : « Les coops doivent respecter tous leurs engagements »
Dans un contexte mondial « dominé par le déséquilibre entre l’offre et la demande », l’accord du 24 juillet conclu entre tous les acteurs de la filière laitière dans le bureau du ministre de l’Agriculture amplifie un peu plus les désaccords entre les producteurs de lait de la Fnpl et les représentants des coopératives laitières de la Fncl.
« Les coopératives se sont engagées à répercuter intégralement et en toute transparence les hausses de prix consenties par les distributeurs », a rappelé mercredi 2 septembre 2015 Dominique Chargé, président de la Fncl et président de Laïta, qui regroupe les activités laitières des coopératives Even, Triskalia et Terrena. Dans cet accord, il n’y a aucun engagement ou accord sur un montant précis de revalorisation du prix du lait. »
Les hausses de tarifs consenties par les distributeurs ne concernent, avec l’accord, qu’un certain nombre de produits premiers prix et à marque de distributeurs. « Seuls 16 % des produits collectés et transformés en France sont concernés », explique le président de la Fncl. La revalorisation moyenne possible, en fonction du mix-produit des entreprises, est d’environ 3,3 €/1.000 l.
Les 340 €/1.000 l non acquis pour tous
Une argumentation que contestent fermement les représentants de la Fnpl, qui tenaient, mercredi 2 septembre, une conférence de presse une heure après celle de la Fncl. « L’accord comprend aussi le maintien des tarifs appliqués aux marques nationales et négociés en février 2015, fustige André Bonnard, secrétaire général de la Fnpl. Le prix du lait payé servant de base à ces négociations était de 340 €/1.000 l. Or les prix payés aux producteurs au premier semestre 2015 ont été d’environ 300 €/1.000 l. »
Certaines entreprises laitières, privées ou coopératives, ont fait savoir qu’elles revaloriseraient le lait à hauteur de 340 €/1.000 l à partir d’août, comme Sodiaal, Eurial, Lsdh, Alsace lait, ou Triballat. « Mais aucun consensus n’a été trouvé avec Savencia (ex-Bongrain, ndlr) et Lactalis », notamment.
Et André Bonnard de se livrer à une démonstration de mathématiques : « En 2014, le prix payé moyen était de 365 €/1.000 l selon FranceAgriMer : 345 €/1.000 l pour les produits industriels représentant 20 % de la collecte, 370 €/1.000 l pour les produits de grande consommation exportés selon Milk Market Observatory de la Commission européenne, soit 380 €/1.000 l pour les 60 % restant de la collecte, valorisée sur le marché intérieur. Les négociations tarifaires de février 2015 ont abouti à une baisse de ce prix de 2 à 3 %, soit environ 370 €/1.000 l. »
« Les entreprises ont les moyens de mieux payer les producteurs. D'août à décembre, payer les producteurs 340 €/1.000 l est réaliste, a-t-il martelé. Car depuis début 2015, les entreprises, y compris les coopératives, ont gagné beaucoup d’argent. »
« Impossible ! » rétorque Dominique Chargé. Selon lui, une revalorisation supplémentaire, « déconnectée du contexte européen », de l’ordre de 30 à 40 €/1.000 l engendrerait un coût de 300 à 400 M€ pour l’ensemble des entreprises.
Selon la Fnpl, ces dernières ont enregistré de fortes hausses de leurs résultats, « grâce au différentiel de prix non répercuté aux producteurs ». Selon le syndicat, les groupes Savencia (ex-Bongrain) et Bel auraient quasiment doublé leur résultat net du 1er semestre 2015 par rapport au 1er semestre 2014.
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